Philippe Louguet – L’Arte non si ferma

Philippe Louguet ci manda la sua testimonianza da Roubaix … al tempo del coronavirus

Mi sento in profonda sintonia con i pittori del Magdaleniano che dipingevano nel ventre delle caverne, appena illuminati dalle torce imbevute di grasso animale. Ed allo stesso modo con i pittori dei monasteri, come il Beato Angelico a San Marco o con quelli che dipingevano nei bordelli a cavallo tra il XIX e XX secolo, come Toulouse Lautrec. La pittura ama gli spazi chiusi,  non necessariamente ben illuminati. Nel film di Grémillon “Lumière d’été”, il pittore interpretato da Pierre Brasseur dipinge un piccolissimo dipinto sul fondo di una credenza, che può essere visto solo rimuovendo i cassetti. Mi ha sempre toccato molto. Per me la natura intima della pittura, così come possiamo vedere in questi luoghi chiusi, rimanda sempre al sacro. Ma è un sacro sordo, al contrario del religioso.

Ho sempre pensato che il pittore delle caverne fosse il nano, colui che non poteva andare a caccia, il portatore di una infermità fisica o psichica. Oppure l’infermità poteva essere una semplice forma di timidezza.

Quanto al Beato Angelico, questi è il béni (benedetto).  Per me béni (benedetto) è sempre stato vicino a benêt (sempliciotto), e certamente dal punto di vista etimologico benêt viene da béni passando per Benoît (Benedetto).  Penso che per il monastero Frate Angelico fosse un sempliciotto,  capace giusto di dipingere. Come l’idiota di un villaggio basco che conobbi nel 1968, considerato come un idiota perché non era in grado di mungere una mucca, ma che invece faceva le riflessioni le più profonde di tutto il paese.

 Evidentemente, al di là delle caverne magdaleniane, se seguiamo le categorie di  Dumézil (il prete, il soldato e l’agricoltore) il pittore sarebbe con il prete.  Ma io lo penso in sordina, al contrario del prete. Il pittore cerca il sacro nell’esperienza, Contrariamente al prete, che veicola il dogma, per il pittore nulla è mai fisso. Tutto è sempre in divenire. Il pittore è quindi un ribelle o uno sciocco, e allora la sua presunta idiozia lo protegge.

Io dipingo nell’antro della caverna, probabilmente perché non vedo la luce  spuntare all’orizzonte della mia tela. Dipingo nella solitudine del monastero, l’atelier come una cella … dipingo nel bordello, immerso nel jazz, la musica  intrigante degli schiavi.

 

 

@philippelouguet

aprile 2020

Je me sens en profonde sympathie avec les peintres magdaléniens qui peignaient au fond des grottes, juste éclairées par des flambeaux à la graisse animale, Également avec les peintres de monastères tel Fra Angelico à San Marco ou encore avec ceux qui peignaient dans les bordels au tournant du 19e et du XXe siècle, tel Toulouse Lautrec. La peinture aime les lieux clos pas forcément très bien éclairés. Dans le film « Lumière d’été » de Grémillon le peintre incarné par Pierre Brasseur peint une toute petite peinture au fond d’un buffet, que l’on ne peut voir qu’en retirant les tiroirs. Cela m’a toujours beaucoup touché. Pour moi le caractère secret de la peinture, tel qu’on peut le voir dans ces lieux clos, renvoie toujours au sacré. Mais ce caractère sacré sourd à l’opposé du religieux. J’ai toujours pensé que le peintre des cavernes était le nabot, celui qui n’était pas capable de chasser, porteur d’une quelconque infirmité physique ou psychique, L’infirmité pouvant n’être d’ailleurs qu’une simple timidité. Quant à beato Angelico, c’est le béni. Pour moi béni a toujours été proche de benêt, et certes étymologiquement benêt vient de béni à travers Benoît. Je crois que, pour le monastère, Fra Angelico était un benêt juste capable de peindre. Comme l’idiot d’un village basque espagnol, que j’ai connu en 1968, considéré comme idiot sans doute parce qu’il était incapable de traire une vache, mais qui était celui qui avait les réflexions les plus profondes du village. Évidemment , au-delà des grottes magdaléniennes , si l’on suit les catégories de Dumézil (le prêtre, le soldat, l’agriculteur), le peintre serait aux côtés du prêtre . Mais je le pense sourdement à l’opposé du prêtre. Le peintre cherche le sacré dans l’expérience. Contrairement au prêtre, qui véhicule le dogme, pour le peintre rien n’est jamais réglé. Tout est toujours à advenir. Le peintre est donc soit un révolté, soit un benêt, et alors son idiotie supposée le protège. Je peins au fond de la caverne, sans doute parce que je ne vois pas la lumière poindre à l’horizon de ma toile. Je peins dans la solitude du monastère, l’atelier comme cellule … je peins au sein du bordel, baigné par le jazz, la musique interlope des esclaves.

 

@philippelouguet

aprile 2020

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